Controverses sur les puits de Carbone (Copenhague)

Publié le par evergreenstate

07-03-2009

La forêt amazonienne, source ou puits de carbone ?


http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3636

On voit que les question ne sont pas simples à résoudre sous l 'angle des puits de carbone , ce là étant au delà de l'intérêt que peut avoir la foret primaire en tant que puits de Carbone , il reste le formidable capital en terme de biodiversité
Cette semaine, la revue Science publie des résultats qui vont encore alimenter les débats scientifiques sur les puits de carbone. Ici, les recherches ont montré que la sécheresse menace les capacités de stockage du carbone de la forêt amazonienne, au point d’imaginer que le « poumon de la terre » puisse dégager plus de carbone qu’il n’en stocke.
Ces observations sont le fruit d’un travail mené par une équipe internationale de 68 chercheurs, dont des membres français de l’INRA, du CIRAD (1) et de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, au sein du réseau RAINFOR (Amazon Forest Inventory Network). L’étude concerne plus de 100 sites forestiers sur une zone de 600 millions d’hectares, dans plusieurs pays amazoniens. Elle s’appuie sur un jeu de mesures effectuées sur 10 000 arbres durant 30 années de suivi. Dès lors, les scientifiques ont pu évaluer l’impact de la sécheresse de 2005 et envisager les réponses possibles du massif forestier au changement climatique.

Le suivi a montré que la sécheresse de 2005 avait causé une importante mortalité des arbres et que, durant cet épisode, seulement 51 % des parcelles forestières à l’étude continuaient à stocker du carbone, à hauteur de 0,5 tonne/ha/an. Les autres parcelles, elles, dégageaient du CO2, à raison de 6 tonnes de carbone par ha et par an. Ainsi, selon les chercheurs, l’effet de la sécheresse sur l’Amazonie pourrait être équivalent à celui du défrichement, que le GIEC estime, pour sa part, à l’échelle planétaire à des émissions de l’ordre de 3 milliards de tonnes de carbone par an.
Face au changement climatique, les experts craignent une recrudescence des épisodes de stress hydriques en Amazonie, et avertissent qu’alors la forêt pourrait contribuer à l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. En effet, une forêt peut séquestrer du carbone autant qu’en émettre et le jeu est subtil à l’intérieur des cycles de la matière. Les arbres captent du carbone par la photosynthèse et l'incorporent lors de leur croissance à la matière organique. Mais ils rejettent aussi du CO2, directement par la respiration et, indirectement, à leur mort et avec les débris, feuilles et branches. La matière organique, une fois au sol, en se décomposant sous l’action des micro-organismes renverra le carbone dans l’atmosphère en quelques dizaines d’années.
Ainsi, d’après Oliver Phillips, un des auteurs de l’étude parue cette semaine dans Science, « pendant des années, la région amazonienne a aidé à ralentir le réchauffement climatique. Si ce puits de carbone est amoindri, voire fonctionne à l’envers, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmentera encore plus». Cela dit, même si ces dernières observations soulèvent de vraies inquiétudes, mesurer le cycle du carbone à l’échelle planétaire n’est pas une mince affaire pour les scientifiques et il faut bien reconnaître que les phénomènes naturels de séquestration du carbone sont encore assez mal connus. Entre l’océan et les forêts, les travaux de recherche s’accumulent sur les puits de carbone et se contredisent parfois. Le mois dernier par exemple, paraissait une étude dans la revue Nature qui montrait que, entre 1968 et 2007, les capacités de stockage de la forêt tropicale en Afrique avaient augmenté pour atteindre 0,63 tonne par hectare et par an, une progression qui, selon les auteurs de l’étude, était équivalente à l’Amazonie où les arbres semblaient, cette fois, avoir gagné en biomasse durant ces 20 dernières années. Plusieurs hypothèses furent émises, et notamment la contribution du CO2 présent en plus grande quantité dans l’atmosphère, ou encore un meilleur ensoleillement qui stimule la croissance des végétaux pendant les périodes sèches. Evidemment, la question est complexe et les forêts tropicales du monde ne doivent pas être vues comme une surface homogène. Rien que pour l’Amazonie, les chiffres avancés dans la littérature sur ses capacités de stockage varie de 0,5 jusqu’à 7 tonnes/ha/an.
Puits ou source, les scientifiques semblent encore avoir un peu de travail avant d’y voir clair sur la contribution des forêts, en espérant que l’avancée des fronts de déforestation leur en laisse le temps.
Elisabeth Leciak
1- INRA : Institut national de recherche agronomique ; CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
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