Rocard et l'abandon de la taxe carbone (Domage qu'il ai 79 ans)

Publié le par evergreenstate

 

 
 


Chronique
Michel Rocard, l'hyperpédagogue, par Franck Nouchi
LE MONDE | 25.03.10 | 13h17

l est préférable d'avoir Michel Rocard avec soi. A 79 ans, l'ancien premier ministre de François Mitterrand n'a sans doute jamais été aussi percutant. La décision du chef de l'Etat d'abandonner la taxe carbone lui a fourni, mercredi matin sur France Inter, l'occasion d'une implacable double démonstration : de la "stupidité" de cette décision ; et de son immense talent de pédagogue.


 
Départ sur les chapeaux de roue. La taxe carbone ? "On n'y échappera pas, estime celui qui présida, à la demande de Nicolas Sarkozy, la commission sur la contribution climat-énergie. On ne va tout de même pas laisser la planète devenir doucement une poêle à frire où la vie deviendra impossible. D'accord, c'est lent. C'est pour dans dix ou douze générations. Mais c'est tellement difficile à éviter qu'il vaut mieux commencer tôt, par prudence. Dans une dizaine d'années, pour les gens qui prendront du retard dans le combat contre le climat, on parlera de crime contre l'humanité." Le matin sur le coup de 8 h 20, une accusation de "crime contre l'humanité", ça réveille.

Restait au "professeur" Rocard à se faire démonstratif. De Rio à Copenhague en passant par Kyoto, cinq minutes pour retracer l'histoire de cette découverte essentielle : la Terre se réchauffe, et il n'est que temps d'agir. Système des quotas, taxe carbone : on comprenait tout. "Créer un nouvel impôt n'a jamais fait plaisir à personne. Je connais bien. J'ai créé la CSG. Elle était absolument nécessaire pour que le financement de la Sécurité sociale soit moins pénalisant pour l'emploi. J'ai payé : 10 points de sondage en moins. Et probablement la perte de la présidence de la République. Mais je suis quand même content de l'avoir fait. Voilà le prix des réformes utiles. La politique est un métier dur. Il faut le savoir quand on y va."

Dans le portrait qu'il avait consacré à Michel Rocard dans sa Lettre ouverte aux hommes politiques (Albin Michel, 1976), Pierre Viansson-Ponté s'était souvenu des élections législatives de 1967. Michel Rocard était candidat à Bougival. Son slogan ? "Vérité, justice, responsabilité". L'éditorialiste du Monde concluait ainsi son adresse à Rocard : "Réussirez-vous à concilier vos convictions et vos élans avec les impératifs de la tactique, les exigences de la stratégie, les craintes de vos camarades ? La réponse décidera de votre destin et peut-être aussi, d'une certaine façon, du nôtre." Juste avant, pressentant ce qui pourrait advenir, "Viansson" écrivait : "Il y a une face de votre personnalité qui complique dramatiquement votre tâche et compromet bien plus encore vos chances de réussir la percée militante que vous allez maintenant tenter : c'est que vous êtes le contraire d'un imbécile."

Michel Rocard le matin, Nicolas Sarkozy vers midi : on se disait hier qu'il était dommage de n'avoir jamais vu à l'oeuvre le président Rocard.


Franck Nouchi
Article paru dans l'édition du 26.03.10
********** et sur France Inter


Ancien Premier ministre socialiste, il a présidé à l'été 2009 la conférence d'experts sur la création d'une taxe carbone avant de coprésider avec Alain Juppé la commission sur le grand emprunt.





 


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