Le projet d'aéroport près de Nantes, enjeu de la campagne en Pays de la Loire

Publié le par evergreenstate

Le projet d'aéroport près de Nantes, enjeu de la campagne en Pays de la Loire
LE MONDE | 09.02.10 | 14h23  •  Mis à jour le 09.02.10 | 15h45

    

François Bayrou est contre. Contre le projet d'aéroport envisagé à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes où il s'est rendu lundi 8 février. "Il y a là une zone intacte de bocages, de prairies, de forêts, entièrement préservée, qui va être livrée aux bulldozers et aux bétonneuses, dit-il au Monde. A l'heure où la surface d'un département disparaît tous les dix ans sous le béton, il est de la responsabilité de notre génération de réfléchir à certaines décisions."
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Reprenant les analyses du MoDem local très opposé au projet, et dont Patricia Gallerneau est la tête de liste en Pays de la Loire aux élections régionales, M. Bayrou plaide pour l'amélioration des dessertes ferroviaires et la mise en réseau des aéroports existants, Nantes-Atlantique, Rennes, et Angers, sous-utilisés.

L'intervention de M. Bayrou déplaît aux socialistes locaux, qui défendent avec acharnement le projet, lancé depuis des années. "M. Bayrou est un démagogue, il est aux abois, il ne connaît pas le dossier", réagit Jean-Marc Ayrault, maire (PS) de Nantes et en première ligne pour soutenir l'aérodrome envisagé. "Le transfert du trafic à Notre-Dame-des-Landes va nous permettre de lutter contre l'étalement urbain au sud de Nantes. Par ailleurs, nous inventorions 4 000 hectares de terres agricoles sur Nantes Métropole pour les remettre en exploitation."

Mais le PS est à la peine car l'opposition à l'aéroport croît sur le terrain depuis plusieurs années. Les Verts - qui ont dépassé le PS sur la ville de Nantes aux élections européennes de juin 2009 -, le Parti de gauche et le MoDem ont pris fermement position contre.

"Ce projet est une vision du passé, dit Jean-Philippe Magnen, tête de liste Europe Ecologie. Le PS a une position incompréhensible : d'un côté, il vote - avec nous - un plan climat territorial ambitieux, et de l'autre, il veut un grand aéroport. C'est incohérent."

Du côté de l'UMP, la position est ambiguë : "J'ai étudié attentivement le dossier et j'en suis devenu partisan, dit Christophe Bréchu, tête de liste UMP. Mais dans l'état actuel, il y a une surestimation du trafic : la déclaration d'utilité publique parle de 9 millions de passagers à terme, cela me paraît excessif."

Le trafic de l'aéroport actuel, Nantes-Atlantique, est inférieur à trois millions de passagers. "Et s'il n'y a pas une desserte ferroviaire du futur aéroport et un franchissement de la Loire pour le desservir par le sud, il y aurait une incohérence", dit M. Bréchu, qui se délecte des divisions de ses adversaires : "Les Verts sont contre résolument, le PS pour sans bémol, et ils disent qu'ils sont unis ! C'est un vrai enjeu du second tour..."

Les intéressés relativisent : "Nous sommes avec les Verts dans la même situation qu'en 2004, lors des précédentes régionales, explique Jacques Auxiette, tête de liste PS. Cela ne nous a pas empêché de très bien gérer la région." "Il serait absurde de dire que c'est un casus belli, fait écho Jean-Philippe Magnen, nous pratiquons la coopération conflictuelle."

"Ce n'est pas un sujet central de la campagne électorale", dit Jean-Marc Ayrault. Sur le terrain, les associations veulent le démentir. Elles lancent un tour régional en vélo et... en tracteurs, du 1er au 6 mars, pour interpeller les candidats. Plus de 500 élus locaux de différents partis ont déjà voté une pétition d'opposition à l'aéroport.
Hervé Kempf
Article paru dans l'édition du 10.02.10

Publié dans notre dame des landes

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