Incinérateur de Fos : "M. CASELLI, nos vies valent plus que 500.000.000 d'euros !!" (par Benoit Petit)

Publié le par evergreenstate



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C'est tout simplement une décision consternante et incompréhensible : Eugène CASELLI, le Président PS de la Communauté Urbaine de Marseille vient de décider, après audit et réflexion (soit-disant) de relancer l'incinérateur de Fos-sur-Mer, cette gigantèsque machine à produire des cancers, des malformations génétiques,des affections pulmonaires et bien d'autres maladies graves que MM. GAUDIN (UMP) et ASSANTE (ex-UMP, aujourd'hui Nouveau Centre) ont décidé par le "Fait du Prince".

Je ne reviendrais pas sur les arguments écologiques et sanitaires qui conduisent toute personne raisonnable à s'opposer à l'incinération du moindre cm² de déchets ménagers. Nous - écologistes et associatifs - les exposons depuis de nombreuses années (cf. le dernier papier du Dr HALIMI dans la Provence ; cf. le bouquin du Pr. Dominique BELPOMME, cancérologue mondialement reconnu et expert auprès de la Commission européenne ; cf. l'Appel de Paris signé il y a quelques années par Corinne LEPAGE, Nicolas HULOT et l'ensemble des Conseils de l'Ordre des Médecins en Europe....).

Non. J'évoquerais ici simplement le plus insupportable dans cette affaire : la trahison politique de celui qui avait porté les espoirs des anti-incinérateurs en décrochant - de manière inattendue - la Présidence de la CUM...

L'argument de M. CASELLI pour se défendre est d'ordre financier : le contrat établi par la précédante équipe GAUDIN-ASSANTE dit, en gros, que dès lors que la construction de l'ouvrage a commencé, toute cessation avant terme du chantier par la CUM se soldera par le remboursement au constructeur-exploitant des sommes déjà engagées par lui, et par le versement d'une compensation pour le manque à gagner induit. Bref, fermer le chantier de l'incinérateur couterait 500.000.000 euros à la "CUM", et meme pour des raisons de santé publique évidentes, le Président CASELLI refuse de sortir son chéquier.

Mais ce n'est pas comme si l'on venait de découvrir qu'il faudrait payer très cher les erreurs de MM. GAUDIN et ASSANTE. Tout le monde le savait, et ce avant meme qu'Eugène CASELLI ne présente sa candidature à la Présidence de la CUM... alors quoi ? On s'engage devant les citoyens, en toute connaissance de cause, et l'on se retire une fois en responsabilité ??!! Les amis de CASELLI diront qu'il s'agit là du principe de pragmatisme financier (qu'il est confortable, cet argument politique). Personnellement, je rejoins la position des élus PS de Ouest-Provence et des associations : c'est une trahison politique, point barre.

Entendons-nous bien : 500.000.000 euros, c'est une sacré somme. Mais personne ne me fera croire qu'il n'est pas possible de la débloquer, avec un peu de bonne volonté. En creusant bien, d''autres projets ou contributions de la "CUM" pourraient etre gelés pour dégager quelques marges financière. Les Présidents PS de la Région et du Département, ainsi que les autres grosses communautés d'agglomération, pourraient également se montrer solidaires et aider à collecter la somme contractuelle requise. Tous unis, Conseil Régional, Conseil Général, CUM, CPA, municipalités... nous pouvons imposer à l'Etat de couvrir une partie de la somme exorbitante réclammée. Enfin, s'il n'existe pas d'autres solutions pour SAUVER LA VIE DES HOMMES, DES FEMMES, DES TRAVAILLEURS ET DES ENFANTS de Ouest Provence (et plus largement du Département... car la dioxine voyage avec le vent sur plusieurs centaines de kilomètres), et bien tant pis, il faudra monter les impots locaux, et expliquer aux contribuables que leur sollicitation imprévue est la cause de l'incompétence de la précédante équipe dirigeante de la CUM.

BREF : l'argument financier n'est pas un argument valable lorsque la santé et la vie humaine sont en jeu. Je comprend encore moins comment un Homme qui se dit de gauche, peut se réfugier derrière un tel "Moulin à vent" !!

Et puis surtout, au-delà des considérations sanitaires et environnementales, la décision de M. CASELLI est tout simplement UN NON-SENS ECONOMIQUE !!
La gestion des déchets n'est pas une activité "à perte", qui ne génère que des couts pour la collectivité. Si elle est gérée convenablement, avec une vraie politique d'investissement et d'innovation dans l'économie verte et sociale- comme c'est du reste le cas dans de très nombreuses mégapoles du Monde - elle peut générer des PROFITS et des EMPLOIS de manière substantielle. Il suffit, pour s'en convaincre, de se rendre en Allemagne ou ailleurs dans le monde, ou juste de s'intéresser aux débats du Grenelle de l'Environnement.

Ainsi, si M. CASELLI le voulait, non seulement l'on pourrait trouver des solutions rapides pour débloquer les fameux 500.000.000 euros dus par contrat, mais l'on pourrait surtout développer une autre politique de gestion des déchets qui à moyen terme, permettrait de rentrer "dans nos frais" et de stimuler un nouveau secteur économique générateur de bien-etre social et d'emploi.

Mais non. C'est une nouvelle fois la solution de facilité qui a été retenue. C'est l'abdication face aux pressions politiques exercées par une UMP et un Préfet encore très influents sur les affaires de Marseille. C'est surtout la "vieille politique" dont plus personne ne veut - c'est-à-dire la politique de la déresponsabilité - qui reprend ses droits, contre les promesses faites aux citoyens, contre le bon-sens et le principe de précaution, contre l'avis des médecins et des scientifiques impliqués dans ces enjeux....

En tant que Vice-Président du Mouvement Démocrate des Bouches-du-Rhone, et l'un des responsables nationaux de CAP21-MoDem, je renouvelle une fois encore ma solidarité INCONDITIONNELLE aux habitants et aux élus de Fos-sur-Mer, et me félicite que les élus de mon mouvement à la CUM voteront "contre" le projet d'Eugène CASELLI.

Chers amis, depuis le début de cette affaire - qui remonte au années 1990 (!!) - les citoyens de ce département ont systématiquement été trahis par les autorités publiques au pouvoir, et le fait qu'elles soient de droite ou de gauche ne change absolument rien. Nous en avons une nouvelle preuve aujourd'hui.
Pour autant, les citoyens, les associations et les politiques engagés contre l'incinération sous toutes ses modalités, n'ont jamais laché le morceau.... et croyez-moi, ce n'est pas aujourd'hui que nous lacherons. Tant qu'il subsitera le moindre risque pour les populations, que l'incinérateur soit ou non en fonction, nous nous batterons pour son démantèlement.
Ca sera dur, plus dur qu'on l'a cru ces derniers mois... mais on est habitués. Nous, au moins, nous sommes motivés par des convictions sincères, et aucun argument n'a plus de valeur à nos yeux, que la santé des individus.

Courage. La démobilisation est loin d'etre à l'ordre du jour.... bien au contraire !!! En tout cas, plus que jamais, je reste aux cotés de ceux qui se battent pour l'Homme, pas de ceux qui se battent pour un budget.

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