Un rapport évalue l'impact de la pollution sur les dépenses de santé en France (archive)
Les experts réunis par l'Afsset ont restreint leurs investigations "à la pollution due à l'activité humaine", sans développer "le champ des maladies professionnelles", "compte tenu de l'existence de dispositifs spécifiques de financement". Il a évalué les effets des modifications de l'environnement sur la santé avant de procéder, dans un second temps, à une évaluation économique. Lors de la première étape, les experts ont quantifié le risque attribuable au facteur que représente la pollution. Il "correspond à la proportion de mortalité ou de morbidité qui pourrait être évitée en supprimant l'exposition au(x) facteur(s) de risque considéré(s)".
D'après les données disponibles et des contraintes de temps, le groupe n'a étudié que l'asthme, 4e dans l'ordre des maladies engendrant les plus fortes dépenses de santé, et les cancers, qui figurent en 6e position. En considérant que "10 % à 35 % des cas d'asthme étaient attribuables à l'environnement, il a été estimé que le coût de la pollution atmosphérique extérieure non biologique était compris entre 0,2 et 0,8 milliard d'euros pour l'année 2006".
PRÉCAUTIONS
Pour ce qui concerne les cancers, la fraction attribuable à la pollution a été évaluée entre 1 et 5 %. Sur cette base et pour l'année 2004, "le coût de la prise en charge des soins du cancer attribuable à l'environnement est de l'ordre de 0,1 à 0,5 milliard d'euros". Seuls les soins curatifs et le diagnostic ont été pris en compte.
En raison des approximations et des extrapolations auxquelles ils ont dû se livrer, les experts invitent à prendre ces résultats avec quelques précautions. Ils recommandent l'utilisation d'indicateurs synthétiques "pour une meilleure évaluation et hiérarchisation des risques sanitaires environnementaux".
Outre la poursuite de l'activité du groupe et le recours à un processus d'expertise collective, le rapport prône "l'extension de ces travaux aux risques liés à l'environnement professionnel afin de développer des mesures de prévention efficaces". En application du principe "pollueur payeur", il estime "légitime de chercher à réintégrer ces coûts en appliquant une taxe spécifique aux activités responsables de l'exposition de la population aux facteurs de risque en cause". Selon les experts, le transfert de tout ou partie du produit de cette taxe au financement des soins "permettrait de plus d'alléger la part de ce financement supportée par l'ensemble de la collectivité".
Ils rappellent que les dépenses financées par l'assurance-maladie "ne représentent toutefois qu'une fraction de la valeur économique de l'impact sanitaire des dégradations de l'environnement". Ces dépenses ne prennent en effet en compte "ni les coûts de prise en charge de la maladie supportés par les patients et par leur entourage, ni le retentissement de la maladie sur la qualité de vie des personnes atteintes, ni les années de vie perdues du fait de la mortalité prématurée".