La science des animaux fait sa "grande révolution" (archive)

Publié le par evergreenstate

La science des animaux fait sa "grande révolution"
LE MONDE | 28.08.08 | 14h12  •  Mis à jour le 28.08.08 | 14h12

cience des animaux, la zoologie est parfois encore perçue à travers l'image des grands naturalistes de l'histoire, tels Buffon, Daubenton, Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, pour n'en citer que quelques-uns. Mais en deux siècles, cette discipline a bien changé et s'est considérablement diversifiée en bénéficiant des acquis de la biologie moléculaire, de la génétique et de techniques nouvelles comme l'imagerie ou encore le microscope à tomographie, qui permet d'étudier des coupes épaisses et de les reconstituer en trois dimensions.

 

 

Pour décrire ce foisonnement scientifique, on parle aujourd'hui de "zoologie intégrée". C'est le thème du congrès international qui se tient jusqu'au 29 août à Paris et à la faculté des sciences d'Orsay (Essonne). Cette nouvelle zoologie a pour objectif "d'intégrer plusieurs informations sur les organismes ainsi que leurs interactions, explique Jean-Marc Jallon, professeur de biologie à la faculté des sciences d'Orsay et président du congrès. Les zoologistes recherchent aujourd'hui des mécanismes communs, alors que, pendant longtemps, ils ont cultivé les différences entre les organismes. La grande révolution de la zoologie est la recherche de l'unité, comme dans les sciences physiques".

Les travaux de génétique, notamment, ont montré "qu'une grande similitude génétique du monde vivant se traduisait par une importante diversité des espèces, à cause des variations qui ont lieu au niveau de l'expression des gènes", ajoute M. Jallon. Mais "ces derniers restent soumis à l'effet de l'environnement, car seuls survivent les gènes les plus adaptés". Les travaux sur la vie animale portent aussi sur le comportement sexuel et la reproduction, les différents aspects de la communication ou encore les mécanismes de spéciation (séparation entre espèces).

La diversité des espèces est bien plus grande qu'on ne le pensait, puisque, selon Edward Wilson, professeur à l'université de Harvard, "nous n'avons découvert et classé que 10 % d'entre elles". Le scientifique estime "qu'il est possible de découvrir et recenser les 90 % restant en vingt-cinq ans, car les techniques existent".

 

"BIODIVERSITÉ ÉNORME"

 

En attendant, il faut classer celles que l'on connaît... et celles que l'on découvre. C'est le rôle de la taxonomie. Or, aujourd'hui, "nous sommes incapables d'appréhender correctement la diversité taxonomique dans les écosystèmes", explique Simon Thillier, professeur au Muséum national d'histoire naturelle et spécialiste de la systématique. Cette science associe la taxonomie et la phylogénie qui étudie les variations de parenté entre les espèces. "Nous devons arriver à prendre en compte une biodiversité énorme, et rendre les informations accessibles aux responsables chargés de faire respecter la biodiversité", ajoute-t-il.

Face à ce défi, plusieurs initiatives internationales ont été lancées pour rendre les données accessibles sur Internet. On peut citer l'Encyclopedia of Life, lancée en 2007 par plusieurs institutions scientifiques américaines, ou encore Global Biodiversity Information Facility, créée en 2001 à l'initiative de l'OCDE, qui vise à réunir sur la Toile toutes les bases de données disponibles sur les espèces. Enfin, le Consortium pour le code-barres du vivant a pour but d'identifier une espèce à partir d'une séquence du génome, accessible en ligne à partir d'un petit appareil portable.

Finalement, dans ce contexte dynamique, "on constate que la crise de la taxonomie est en train de se résoudre, car le nombre de chercheurs augmente et que la zoologie se porte bien, se réjouit M. Jallon. L'intérêt pour cette dernière devrait s'accentuer en raison de la place croissante prise par la biodiversité et sa conservation".


Christiane Galus
Article paru dans l'édition du 29.08.08


 

Publié dans biodiversite

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